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Histoire

Le canon anglais - découverte - origine

Le canon anglais que l'on peut voir à la Cale de Saint-Jean-le-Thomas pointe fièrement son fût vers le large.
Vestige des combats que se sont livrées les marines française et anglaise au XIX-ème siècle, il a été trouvé en 1956 à bord d'une épave, par un groupe de jeunes saint-jeannais, sous la houlette d'un estivant, M. Foulon, intrigué par des restes noirâtres aperçus dans la Baie.

Alain Jordan qui participait aux recherches en a fait le récit dans une monographie écrite en 1958. En voici quelques extraits.



Premières fouilles

Aquarelle de Bernard Vernochet 2019
Aquarelle de Bernard Vernochet 2019
« Nous voilà donc partis dès que la mer commençait à découvrir, armés de pelles et de pioches, de râteaux, de barres à mines, une véritable expédition.
Le soleil aussi était de la partie mais nous ne nous en soucions guère et dès que nous sommes sur les lieux notre ardeur fait plaisir à voir, mais Monsieur Foulon nous calme car il ne faut pas détériorer par notre empressement une éventuelle trouvaille. Mais la première couche sableuse enlevée nous tombons sur une masse de tangue, de gravier, de sable qui peu à peu a durci et est maintenant presque aussi dure que les pierres. La pioche n'y pénètre que difficilement et nous commençons à nous apercevoir qu'il fait chaud.
La mer remonte bientôt et nous devons lui abandonner la place, nous n'avons rien trouvé cette première journée, mais nous nous promettons de revenir le lendemain. [...]
Le lendemain, nous nous retrouvons sur l'épave. La mer a rapporté du sable que nous enlevons rapidement et nous reprenons notre « terrassement », cette fois nous ne peinons pas pour rien : nous réussissons bientôt à dégager un demi boulet, trois entiers suivent bientôt. [...]
La marée de morte-eau nous empêche pendant quelques jours de retourner faire des recherches mais dès que la mer se retire suffisamment nous y repartons, une espèce de fièvre nous tient en haleine et toute autre activité est reléguée à plus tard. […]
Je me souviens fort bien de la découverte des plaques de cheminée, elles nous ont demandé beaucoup de mal. Placées dans le fond du bateau, elles étaient recouvertes d'une épaisse couche de pierraillage et de calfatage très dur à entamer. Il nous a fallu la barre à mine pour réussir à en soulever quelques unes. »

Découverte du canon

Le canon sur ses supports
Le canon sur ses supports




« Mais le jour J est je crois celui où une pioche rencontra le fameux canon. Nous arrivons assez facilement à le dégager mais il ne faut pas songer à le transporter à la côte comme les boulets qui déjà nous semblent lourds. Il nous faudrait le secours d'un animal de trait.
Expédition chez le maire, explication de la situation, monsieur Percepied se rend sur les lieux et semble intéressé. Il l'est vraiment car le lendemain il nous procure l'animal et un tombereau pour faire notre transport. Le chargement si l'on peut dire se fait avec quelques difficultés. La solution la plus facile est de l'attacher sous la charrette et bientôt toute l'équipe rentre aidant moralement le cheval.
On dépose alors la pièce sur la cale où elle restera une grande année avant qu'elle ne soit posée sur les supports où on peut la voir actuellement. »

Description



Le fût du canon « mesure 2m17 depuis le bouton de culasse jusqu'à la gueule. L'intérieur c'est à dire l'âme est complètement bouché par la tangue durcie mélangée au gravier. Toute la surface de la pièce d'ailleurs est recouverte d'une croûte de tangue et de sable assez légère puisqu'on voit très bien les moulures. Un des tourillons est cassé. La longueur du canon et le diamètre de l'embouchure indiquent qu'il s'agit d'un canon de quatre livres de balle c'est à dire pouvant lancer un boulet pesant 4 livres selon la terminologie de l'époque. Les canons de ce calibre pesaient un peu plus de 500 kilos. »

Origine

« Puisque nous avons trouvé un canon, nous pouvons penser qu'il s'agissait d'un navire de guerre mais ce canon n'avait qu'un tourillon. Ce n'est pas un critère car il peut l'avoir perdu quand le navire fut détruit. On peut expliquer sa présence à bord de deux façons : ou il servait à armer le navire ou bien il servait de lest avec les plaques de fonte.
Mais c'est un canon de quatre livres et les boulets étaient aussi de quatre livres alors je crois que l'on peut faire le rapprochement et dire que le canon servait à l'armement du bateau.
La thèse du bateau anglais est renforcée par l'examen des débris de poterie. Monsieur Pierre Fauchon a eu l'heureuse idée de soumettre ces fragments a un chimiste de ses amis. [...]
Après examen, il a été déduit que les poteries étaient bien anglaises mais que leur technique de fabrication avait disparu au début du 19ème siècle. Le naufrage a donc eu lieu vers 1800.
Si l'on recherche dans les annales maritimes, voilà ce que l'on peut y trouver : « Dans la nuit du 28 au 29 juin 1811, acharné à la poursuite de canonnières françaises, le brick de guerre anglais « Firne » s'approche très près du rivage de Saint-Jean le Thomas et talonna. Ayant perdu l'espoir de le dégager de sa fâcheuse situation, l'équipage se sauva dans les chaloupes après y avoir mis le feu. Une forte explosion se produisit qui disloqua complètement le navire. »
On est donc porté à penser que l'épave trouvée sous Champeaux est bien celle du « Firne » auquel les marins avaient mis le feu avant de s'enfuir. »

Remerciements à Monsieur Alain Jordan qui avait autorisé la publication d'un extrait de sa monographie « Autour du château de St Jean le Thomas », dans la revue municipale « La lettre de Saint Jean ».

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Saint Jean le Thomas, "village d'art, mer et nature" étape idéale pour les randonnées en Baie du Mont Saint Michel dont le GR223, à proximité de sites remarquables et de multiples activités.
C'est un lieu de séjour agréable disposant d'un large choix d'hébergements, de restauration et de services.